Histoire de Montpezat-en-Provence
Préface - Etymologie - Période gauloise - Seigneurs et coseigneurs - Les Vintimille - L'église - La fontaine
La population en 1598 - La pierre aux 3 blasons - Au four et au moulin - Les armoiries - Situation géographique - Remerciements

L'église

Eglise de Montpezat en Provence.      L'église a pour titulaire et patron : St-Julien.
     St-Julien de Brioude, né à Vienne, cité des Allobroges. Soldat, fuit le Dauphiné ou sévit la persécution ordonnée par l'empereur Julien, son homonyme. Déserteur et chrétien, il se cache en Auvergne en attendant, des jours meilleurs. Mais dénoncé, Julien se rend au juge afin de ne pas compromettre la personne qui l'avait abrité. Sur son refus d'apostasier, il meurt décapité près de Brioude vers 342. Ses reliques furent découvertes en 431 par St-Germain d'Auxerre, et ses miracles racontés par St-Grégoire-de-Tours.

     Elle possède une nef, remaniée au XIXème siècle, ouvrant sur un chevet plat, et un bas coté constitué en deux chapelles voûtées d'ogives à nervures à quatre quartiers, retombantes sur des culots ouvragés ornés d'angelots, très mutilés.
     Ces chapelles sont de toute évidence la partie la plus ancienne de l'église et remontent au XIIIème siècle environ.
     Jusqu'à la moitié du XVIIIème siècle la chapelle située à l'est était dédiée à Sainte-Anne. Les enfants du village y étaient enterrés. Depuis, elle est dédiée à Saint-Julien (Don de la statue de St-Julien par Mr d'Ainésy le 14 juillet 1848).
     La chapelle située à l'ouest était dédiée à Saint-Antoine, depuis elle est dédiée à Marie.

     Lors de l'inventaire réalisé en 1996, nous avons retrouvé la facture de la statue de la Vierge datée du 23 mars 1859.

     C'est dans cette dernière chapelle, qu'en 1998, à l'occasion de travaux, nous avons découvert une fresque datant du XVème siècle, endommagée certes, mais très intéressante, elle représente les 7 péchés capitaux.
Les membres de la famille de Vintimille décédés à Montpezat étaient enterrés dans cette chapelle.
Dans son clocher l'église possède une cloche datée de 1530, c'est une des plus anciennes du département.

     On peut lire, sur les portes, un texte en provençal de Frédéric Mistral :

Campano, vouis de dieu                     
A nostis alegresso
Apounde te trigoun
E, pietadousamen
Sus nostis amaresso
Escampo ti plagnoun

Cloche voix de dieu
A notre joie
Ajoute ton carillon
Et pieusement
Sur notre amertume
Répand ton glas

     Curés et vicaires ayant officié à Montpezat :

1670-1681         
1681-1785
1745-1790
1790-....
1835-....
1892-1894

Bourillon Jacques
Vassal Pierre-Antoine (Enterré dans la nef à l'âge de 45 ans.)
Aicard Pierre
Farge D.-E.
Maubert Lazare
Gustave Jean

Les sépultures

     Du Vème au XIème siècle, l'église n'était pas seulement un sanctuaire destiné au culte, toute la vie civile venait y affluer, quand il n'y avait pas d'autre organisation rurale que la paroisse.
     Près de l'autel se faisaient les affranchissements ; sous l'atrium se rédigeaient les actes, les échanges, les donations, les ventes.

     On ne sera pas surpris, si le lieu saint paraissait particulièrement désigné pour les sépultures. Beaucoup de gens tenaient à être ensevelis dans l'église même, dans l'espérance de s'assurer la protection du saint à qui elle était dédiée. Depuis longtemps cette pratique était mal vue des autorités ecclésiastiques. Elles répugnaient à donner la sépulture près de l'autel où se célébraient les saints mystères, à des hommes qui peut être n'avaient pas été admis parmi les élus du ciel.
     Si l'église désapprouvait l'inhumation à l'intérieur de l'édifice sacré, par contre, elle recommandait d'enterrer les défunts dans le terrain attenant à l'église. Ce lieu de repos consacré par une bénédiction spéciale, était une annexe normale, presque un prolongement de l'église.
     A Montpezat, le cimetière est attenant à l'église depuis le XVIIème siècle, peut être antérieurement. Les morts étaient enterrés à leur dernière volonté ou celle de leur famille soit dans le cimetière, soit, à l'intérieur de l'église. Il est probable qu'aux périodes d'épidémies de peste, des morts furent ensevelis hors du cimetière, au début des années 1990, à l'occasion des travaux de mise en place de l'arrosage automatique, des ossements ont été découverts, aux alentours de l'église et du cimetière.
     En 895, le concile de Tibur décida qu'à l'avenir, aucun laïque ne serait enseveli dans le temple ; "seuls les prêtres qu'avaient laissé une sainte réputation y pourraient reposer". (MAUSI TI, p 132).
     Malgré ces protestations, on continuera à ensevelir dans les églises, des morts sans distinction.

     En 1998 au cours des travaux réalisés dans notre église, et précisément à l'occasion de la réfection du carrelage de la nef, du cœur, et des deux chapelles, il a été mis à jour des ossements sous l'ancien carrelage.
     Il est d'ailleurs regrettable qu'au moment précis de cette découverte, les autorités municipales n'aient pas été averties et que ces ossements aient fait l'objet d'un bennage parmi des gravats, sans aucune règle de respect et qu'ils se soient retrouvés sur un chemin afin de le le réempierrer. C'est à ma demande qu'ils ont été récupérés et mis en fosse d'attente au cimetière de Montagnac.

     C'est ainsi qu'à Montpezat, ont été enterrés :

     Dans la chapelle St-Antoine, (aujourd'hui dédiée à Marie), chapelle ouest :
1673 - Jean Comte de Vintimille à l'age de 78ans.
1674 - Jean Baptiste de Mercadier à l'age de 78ans.
1675 - Francoise d'Arnaud.
1681 - Madame de Mercadier.
1691 - Charles de Vintimille.
1698 - Marie de Vintimille.
1698 - Joseph de Vintimille.
1708 - Anne de Mercadier.
C'est dans cette chapelle qu'ont été découvertes les fresques.
La famille de Vintimille l'avait choisie comme dernière demeure.

     Dans la chapelle Ste Anne, (aujourd'hui dédiée à St Julien), chapelle est :
1701 - Sauveur Gelin.
1701 - Elisabeth Gelin.
1701 - J. Baptiste Nostolat, 8 mois.
1701 - Françoise Bourges, 5 mois.
1702 - Anne Bœuf, 7 mois.
1702 - Elisabeth Piston, 3 mois.
1703 - Joseph Auguier, 3 mois.
1704 - André Bourges.
1704 - Pierre Bourges.
1705 - Marie Auguier, 4 ans.
1705 - Hélène Bourges 4 ans
1705 - Esprit Exguier, 13 ans.
1705 - Honoré Ferre, 6 ans.
1705 - Marie Ferre, 1 ans.
1705 - Martin Mandin, 20 jours.
1708 - Magdeleine Mandin, 22 mois.
1709 - Marguerite Bœuf, 2 ans.
1709 - Gabriel Foucou, 6 ans.
1709 - Rose Exguier, 14 mois.
1710 - Claire Besse, 18 ans.
1711 - Magdeleine Bœuf, 20 ans.
1724 - Louis Aillaud, 7 ans.
Manifestement, cette chapelle était réservée à l'inhumation des enfants.

     Dans la Nef :
1677 - Joseph Robbol.
1687 - Anne Dollez.
1693 - Anne Escudier.
1705 - Catherine Monge, 42 ans.
1706 - Louis Foucou, 80 ans.
1712 - Elisabe Foucou, 36 ans.
1712 - Catherine Foucou.
1716 - Marie Nostolat.
1720 - Gaspard Goin.
1720 - Catherine Ardoin.
1745 - Pierre Vallat, 45 ans, Vicaire.
1762 - Louis Imbert.
1762 - Jeannine Serre.
1762 - Balthazar Serre.

     Sur la porte du cimetière on peut lire ce texte, signé "Charlun" :

Aqui lou viage se termino :
Vuer es per iue, deman per tu ;            
Urous aqueu que cé camino
Dins lou draiou de la vertu.

Ici le voyage s'achève :
Aujurd'hui pour moi, demain pour toi ;
Heureux celui qui s'y achemine
Dans le chemin de la vertu.

Les travaux

     "Le 19 décembre 1751 le conseil de la communauté du lieu de Montpezat a été assemblé aux formes ordinaires par devant Pierre Paul Escudier Lieutenant de juge, à la requête de Denis Ferre, et, Antoine Ferre, 1ers consuls de la communauté ont été présents François Foucou, Jean Sape, Jean Michel Chaud, François Ferre, Jacques Foucou, Joseph Sape , Jean Pierre Bourges."

     C'est au cours de ce conseil qu'a été décidé : "de faire des travaux convenables à l'église qui se trouve dans un mauvais état, le contrat de bail sera passé à celui qui en fera la meilleure condition. Les réparations méritent en ce qui concerne le corps de l'église et la chapelle Ste-Anne sera enduite en dedans où il sera nécessaire, de mortier constitué de chaux et de sable du Verdon, et ensuite le tout sera blanchi avec du plâtre blanc. S'il manque des tuiles la communauté les fournira et tous les autres matériaux seront fournis par le libérateur, même les moellons nécessaire pour le plain pied du corps de l'église et de la chapelle Ste Anne".

     "Le conseil donne pouvoir aux 1ers consuls de faire payer aux pauvres du lieu les quarante livres de la taxe de capitation, conformément à la lettre de Monseigneur l'Intendant."

     "Sont nommés taxateurs : Marc Aillaud, ménager, et François Foucou.
     Pour les travaux il sera procédé à trois enchères de huitaine, huitaine et huitaine.
     Après le contrat de bail sera passé à celui qui fera la meilleure condition."

     "La première enchère du 19 décembre 1751 a été prononcé par l'organe de Joseph Jean, valet de ville , par tous les lieux et carrefours accoutumés du lieu.
     Se sont présentés honnêtes et clairs :
     - Constant, maçon d'Artignosc et a offert de faire les travaux pour la somme de 150 livres, 1/3 payable le jour de passation, 1/3 le travail moitié fait et le dernier tiers le travail fait et accepté, promettant avoir fini le mois d'août prochain.
     - Gaspard et Grégoire Poitevin, maçons de Montagnac ont offert la somme de 145 livres pour la réalisation des travaux."

     "Deuxième enchère le 26 décembre 1751, personne ne s'étant présenté, elle est renvoyée à la troisième et dernière enchère."

     "Troisième enchère le 2 janvier 1752, s'est présenté Monsieur Chaspoul, maçon de Montagnac.
     Le prix a été délivré au dit Chaspoul comme plus offrant et dernier enchérisseur pour la somme de 135 livres payables conformément aux offres précédentes.
     Le dit Chaspoul a signé avec Denis Ferre consul et nous greffier, le dit Antoine Ferre autre consul, et le dit Joseph Jean valet de ville."

Les 100 coups de Midi

Aujourd’hui vendredi 14 septembre 2001, le glas a sonné à Montpezat, ce matin, le ciel est couvert et menaçant, depuis 8heure il pleut.
triste journée direz-vous ? et bien non, c’est au contraire un grand bonheur.
Pas une goutte d’eau n’est tombée depuis le 27 juillet, c’est vous dire que cette eau est la bien venue, la nature va reprendre des couleurs, malgré l’automne si proche.
J’ai préparé mon repas, et m’apprête à passer à table, installé devant la télé, il est 11h55 ; à cet instant, « Edition spéciale » s’inscrit sur l’écran, le présentateur annonce, que toute l’Europe et toutes les villes de France, vont observer 3 minutes de silence, et qu’au même moment le glas résonnera dans les clochers des églises, en la mémoire des victimes des attentats sur les villes de New York et Washington.
J’abandonne tout et je me précipite à l’église, elle est encore ouverte, Manuel y travaille sur la fresque. Je lui explique les faits, il éteint son poste de radio, pour lui aussi observer un instant de silence.
Et je fait égrener 100 coups sur la vieille cloche.
En ce geste j’ai voulu au nom de tous les miens et tous les présents ce jour à Montpezat, rendre hommage à tous les morts de cette tragédie, et manifester contre l’horreur des actes terroristes.

 Le ciel aussi y avait mis du sien,

 Il avait versé quelques larmes le matin.

 

Histoire de Montpezat-en-Provence par René Caussignac